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Cycle de vie économique et méthodes de valorisation

Le cycle de vie économique d'une société naissante de la filière de la bioproduction du biomédicament se caractérise par différentes phases développées ci-après :

Pre-seed (ou pré amorçage) : Cette phase est la plus précoce du développement d'une société, son capital est principalement porté par les fondateurs et leurs proches. C'est à ce stade que les sociétés chercheront des subventions et avances remboursables permettant l'apport de capitaux non dilutifs (c'est à dire n'intégrant pas le capital social de la société, ne diluant pas les parts des fondateurs). La page dédiée aux acteurs du financement (lien) référence les programmes d'accompagnements et des articles dédiés les détaillent. Les sociétés développant des biomédicaments emploient généralement ces capitaux pour compléter une première preuve de concept préclinique non réglementaire in vitro. Ici les méthodes de valorisations employées sont principalement extrinsèques (voir ci-après). Celles-ci permettront principalement de positionner la société sur son marché et détaillant son potentiel. 

Seed (Amorçage) : Cette phase est généralement la première ouverture du capital à des investisseurs privés. Ici les business angels et éventuellement les venture capital early-stage entrent au capital de la société. Ces sociétés attendront un retour sur investissement important considérant le risque qu'elles encourent d'investir sur une technologie non validée. Elles seront également vigilante à leur retour en liquidité, aussi est-il essentiel de proposer une vision des futures levées de fonds permettant la sortie de ces acteurs. La société complète généralement leur capital par l'apport de capitaux non dilutifs. Les sociétés développant des biomédicaments emploient généralement ces premiers capitaux pour confirmer la preuve de concept in vitro voir amorcer la preuve de concept réglementaire. Ici les méthodes de valorisation sont encore principalement extrinsèques, certaines sociétés peuvent amorcer des méthodes intrinsèques telles que la rNPV. L'enjeu est encore le positionnement sur le marché de la société permettant de confirmer l'attractivité économique du projet de société sous condition de la validation de la preuve de concept préclinique. 

Séries : Les séries sont généralement successives traditionnellement numérotées de A à D. Ces levées de fonds font principalement intervenir les venture capital et conduiront à une dilution du capital social de la société. Les investisseurs précoces pourront augmenter leur mise ou choisir un retour de leur liquidité par sortie du capital. Les sociétés développant des biomédicaments emploient généralement leur série A pour porter le candidat biomédicament en clinique par la complétion des études précliniques, la production des premiers lots BPF ainsi que la mise en place du protocole d'essai clinique et l'ouverture des hôpitaux. Ici les méthodes de valorisation intrinsèques deviennent prépondérantes bien que l'emploi de méthodes extrinsèques restent utiles pour réaliser des analogies. Les séries suivantes seront organisées pour le financement des phases cliniques ultérieures du ou des candidats médicaments. L'enjeu est cette fois de démontrer la rentabilité des actifs générés par la société sur la base de leurs données propres plus que par simple analogie. 

Mise en bourse : Certaines sociétés font le choix de se placer en bourse, ce qui apporte de nouveaux avantages et nouvelles contraintes. L'avantage immédiat étant un apport important de capitaux privé permettant visant généralement la commercialisation du produit. Les investisseurs initiaux sont également intéressé par cette option car elle permet un retour de leur liquidité en revendant leur part, avec un retour sur investissement. La mise en bourse est également génératrice de contrainte. Cette opération est complexe et comporte des risques inhérents. Par ailleurs la société deviendra publique et sera assujettie à  différentes réglementations et activités spécifiques comme la publication de son rapport annuel. Ici la valorisation est quasi systématiquement intrinsèque.

Perspectives de la société : A l'issue des levées de fonds successives la société sera face à deux grandes options : atteindre l'autofinancement par la commercialisation de ses produits ou se faire acquérir, les deux n'étant pas antinomiques. La commercialisation est un long chemin réglementaire, notamment par la négociation du prix. Elle entend quasi systématiquement une internationalisation de celle-ci., en effet les Etats-Unis représentent à eux seul 40% du marché global du médicament en chiffre d'affaire. L'acquisition porte ses propres défis et est la voie de choix si l'objectif financier est celui d'un bénéfice d'investissement sur les actions initiales. Il sera particulièrement intéressant de cibler une société acquéreuse bénéficiant d'une plus-value stratégique à l'acquisition de l'actif, ce qui augmentera la valeur de la société par le moyen d'un goodwill. Ici la valorisation est quasi systématiquement intrinsèque.

Les deux grandes familles de méthodes de valorisation de sociétés sont les méthodologies extrinsèques et intrinsèques. Les méthodes extrinsèques se basent sur une comparaison avec la valeur établie de sociétés similaires alors que celles intrinsèques déterminent une valeur sur la base des projections financières de la société évaluée.

Méthodes extrinsèques : Quelque soit le stade de développement d'une société, il est utile de pouvoir fournir des comparatifs avec des sociétés dites "similaires". La définition de similarité est particulièrement complexe dans la filière de la bioproduction. Généralement les acteurs s'intéressent à deux axes de segmentation : la technologie et l'indication. La première étant associée à un degré de complexité de développement CMC (Chemistry Manufacturing & Control) alors que la seconde au degré de complexité de l'indication et l'étendue du marché. Différents témoins de valorisation extrinsèques peuvent être employés : les montants des levées de fond, les valeurs de mise en bourse et le prix d'acquisition.
  • Montants des levées de fond : Il conviendra par l'emploi d'une méthode intrinsèque de se référée à une analogie pertinente, c'est à dire une société à un stade et dans une région similaires.  Le site de la French Tech sera particulièrement utile pour rechercher les montants des levées de fonds en France (lien). 
  • Valeurs de mise en bourse : La vaste majorité des mises en bourses de sociétés de biotechnologies s'effectue sur le NASDAQ où un tracker a été mis en place de façon à pouvoir suivre sur ces 4 dernières années le montant de celle-ci (lien).
  • Prix d'acquisition : Ces données sont à prendre avec précaution puisque celles-ci peuvent être associées à des milestones dont les conditions précises peuvent être non publiée.  Le site d'actualité biotech publique chaque année un tracker des acquisitions, son adresse évoluant chaque année vous pourrez le retrouver par recherche web.
Méthodes intrinsèques : Les méthodes intrinsèques se basent sur des projections financières de la société pour établir une valeur. Par essence, elles comportent leurs propres limitations et leurs déterminants seront l'objet de négociations entre les fondateurs et les investisseurs. La méthode rNPV (risk-adjusted Net Present Value) est la méthode de choix du secteur d'activité des biotechnologies, néanmoins quelques méthodes sont passées en revue ci-après :
  • Discount Cash Flow : C'est la méthode historique de valorisation de tout type de société. Elle postule que la valeur d'une société est équivalente à la somme des flux de trésoreries actualisés par le coût du capital sur une période donnée. Elle nécessite donc d'établir les flux de trésoreries prévisionnels, de déterminer le coût du capital et la valeur terminale de la société. Un article en cours de rédaction détaillera cette méthode. Celle-ci hypothétise une réussite systématique des projets, ce qui est peu applicable au domaine pharmaceutique, ainsi la méthode rNPV a été popularisée.
  • rNPV : Cette méthode reprend le principe de la méthode DCF en incluant des probabilités de succès par phase d'essai clinique. Cette méthode est particulièrement employée par l'industrie pharmaceutique et les investisseurs pour évaluer la valeur des sociétés. La probabilité de succès ayant un impact significatif sur la valorisation, la fixation de son pourcentage sera l'objet d'une négociation importante. Un article en cours de rédaction détaillera cette méthode. 
  • Real option : Cette méthode s'inspire des techniques d'évaluation des options financières pour valoriser des projets d'investissement. Contrairement aux méthodes DCF et rNPV, qui considèrent des flux de trésorerie fixes et prévisibles, la méthode des options réelles prend en compte l'incertitude et la flexibilité inhérentes aux décisions de gestion. Elle permet de valoriser les opportunités futures en intégrant la possibilité de retarder, d'abandonner ou d'expandre un projet en fonction des nouvelles informations disponibles au fil du temps. Cette approche est pertinente dans des secteurs où l'incertitude est élevée  où les décisions peuvent être ajustées en réponse à des changements de marché ou des avancées technologiques, elle peut donc être employée. Un article en cours de rédaction détaillera cette méthode.